Jusqu'en 1957, le sérieux ROCR considérait que les classe III, c'est à dire des bateaux de plus de 7.32 mètres était trop petits pour courir vraiment en haute mer et de ce fait, leur interdisait le départ de la Fasnet. Puis l'ouverture s'est faite vers les petits bateaux et l'on a vu la classe III se développer , puis la classe 4 s'imposer. Maintenant un 15 pied est considéré comme un bateau pouvant courir en haute mer. 15 pieds! Ce chiffre, abstrait puisqu'il ne représente ni la longueur hors tout ni même la longueur à la flottaison, c'est simplement le rating. Malgré tout, ce chiffre a une signification importante, car il existe maintenant parmis les bateaux de haute mer trois catégories bien distinctes : les 22, les 18 et les 15 pieds, trois série qui disputent de plus en plus de courses en temps réel.

Le Samouraï dès le départ, est présenté comme un quinze pieds. Michel Biguoin et Daniel Duvergie étaient donc tenus par cet impératif de jauge, mais, pour assurer le succès commercial d'une série , il faut aussi que la bateau présente au grand public un certain volume habitable et offre le confort désirable tant au port qu'en mer. Le problème était donc de dessiner et de réaliser une carène rapide et de la meubler a mieux. A l'avant, les lignes sont tendues, l'étrave est presque pincée et l'on trouve le maître-bau à hauteur de la descente soit au deux tiers du bateau. Sur l'arrière, les formes sont pleines et les volumes relativement importants. La surface mouillée est, elle, réduite au minimum. Les fonds sont très plats en raison de la grande largeur à la flottaison et, de ce fait, le bouchain se trouve prolongé jusqu'au liston en une courbe très douce. Il en résulte un frégatage important donnant le maximum de bau à la hauteur où s'effectue la mesure pour la jauge. Le rapport lest-déplacement en charge, de l'ordre de 40%, donne une stabilité de poids. D'autre part, avec ses 2.40m de large le Samouraï a une importante stabilité de forme. On peut donc en conclure que le bateau sera raide à la toile et peu gîtard, ce qui répond à une tendance très nette des nouveaux bateaux.

 

Réalisée en plastique armé avec résine épikote par les CNSO, la coque du Samouraï sort du moule ouvrant. Elle est renforcée par des varangues en acier. A la hauteur des cadènes, on note la présence de porques métalliques qui assurent la rigidité et la solidité des points d'attache du gréement. Deux cloisons avec des barrots viennent renforcer la structure transversale du bateau et servent d'épontille au mât qui est posé sur le roof. Au milieu du cockpit, une troisième cloison sert aussi à assurer une bonne tenue de la coque. Le pont à fausse teugue et le cockpit sortent d'un même moule. La liaison pont-coque est assurée par recouvrement avec rivetage et est revêtue d'un liston en bois dont la fixation laisse un peu à désirer. A l'intérieur, l'étanchéité totale de cette liaison est assurée par un tissu de verre imprégné de résine . A l'avant, sur le bateau que nous avons essayé et qui était l'un des premiers sortis, la ferrure d'étrave nous a paru montée d'une manière un peu légère. D'autre part, la fixation des chandeliers est faite sans contre-plaque, tout au moins pour ceux du cockpit.

 

Le volume à l'intérieur est considérable pour un bateau de cette taille. Le carré comporte deux couchettes bien dimensionnées; le poste avant en possède deux autres sous lesquelles on trouve un WC marin sur tribord et un coffre à bâbord; c'est là également qu'est logée la caisse à eau de 40 litres. Entre le poste avant et le carré, la penderie et la cuisine qui, du fait de la taille du bateau est astucieusement divisée en deux: sur bâbord un réchaud et une glacière, en face un évier avec évacuation à la mer commandée par une vanne très accessible. La table à carte est escamotable sous une des deux couchettes du carré. Au dessus de chaque couchette et en abord, on trouve de petits équipets de rangement. L'intérieur est habillé par un vaigrage rebutant. Toutefois la finition de ce vaigrage pourrait être améliorée. L'intérieur est très lumineux grâce aussi aux deux hublots de chaque bord, mais grâce aussi au capot avant et au capot de descente qui par beau temps, peut s'ouvrir totalement. Cette astuce augmente encore l'habitabilité du bateau. A la mer, cependant, il faudra bien souvent le tenir fermé et il est douteux que l'étanchéité soit parfaite; il est de même pour le capot avant. Un compartiment moteur est prévu sous le cockpit. Certain modèles sont équipés d'un hors-bord monté sur une chaise coulissante. Par suite du faible déplacement du bateau se système donne amplement satisfaction. Au port, capots ouverts, l'intérieur s'avère confortable, quatre personnes peuvent y loger avec d'autant de facilité que le temps est beau. En cas de pluie, par contre, il faudra baisser la tête mais, une fois assis on dispose de suffisamment de place pour vivre, cuisiner et manger. En fait Michel Bigoin a réussi à faire d'un bateau de 7.40m hors tout, une unité de petite croisière habitable et confortable.

 

Dehors, le pont est bien dégagé: pas de passavants puisqu'il s'agit d'un roof à teugue. En avant de celui ci, le pontage retrouve son niveau normal tout en étant encadré par le prolongement des hiloires de roof qui forment le pavois. A l'avant, un coffre avec vidange à la mer pour le mouillage, coffre dont le capot accuse le poids de l'équipier. Sur la plage avant, la place ne manque pas et l'on peut aisément endrailler ou changer un foc. Une astuce, le taquet d'amarrage est fixé sur la face avant du roof. Le balcon avant revient assez en arrière et ne dispose que de quatre points de fixes ce qui donne une impression de fragilité. Le mât en alliage léger posé sur le roof comporte une seule barre de flèches, deus bas-haubans et un galhauban à chaque bord, un double patara vient se fixer au tableau arrière. Le passage des cadènes à travers le pont à la hauteur du liston semble poser un problème au constructeur sur le plan de l'étanchéité. De chaque bord, un rail d'écoute de foc qu'on aimerait un peu plus long tout comme le rail d'écoute de grand'voile. Les winches, légèrement inclinés sont bien placés sous et suffisants pour les focs. Le cockpit lui même est vaste est bien conçu. Une fois assis, les sièges étants assez profonds, on peut s'appuyer confortablement contre les hiloires.

 

Dés sa première saison, le Samouraï a démontré ses excellentes qualités. Son allure idéale semble être le près serré et plus spécialement le pré dans la brise. Très raide à la toile, gîtant peu, le Samouraï fait un cap étonnant à une vitesse élevée compte tenu de sa taille. En fait une fois réglé, l'impression qui se dégage est que le bateau atteint sa vitesse limite et la garde quel que soit l'état de la mer. Dans le clapot court, il passe parfaitement sans taper. Il s'appuie sur toute sa largeur et spécialement sur son volume arrière. La barre reste douce et sensible et les angles de barre à donner sont minimum. Les formes de l'avant expliquent certainement ces performances. Le bateau est fort bien équilibré, avec deux hommes dans le cockpit et deux autres au vent à l'intérieur et ne demande aucun effort à la barre. Dés que l'on donne du mou aux écoutes, la vitesse croit rapidement. La barre reste facile et la stabilité de route est bonne. Derrière, ni turbulences, ni vagues, on peut donc en déduire que rien ne vient contrarier les filets d'eau ou freiner le bateau. Au largue, sous spi, l'action du trimmer, en évitant les grands angles de barres, favorise les performances. Dans le petit le cap au près reste excellent. Le bateau supporterait peut-être un peut plus de toile. Les extrémités soulagent pourtant bien et la résistance à l'avancement est aussi faible que possible du fait de la surface mouillée minimale. Le plan de voilure, une petite grand'voile et un génois presque deux fois plus grand, est conforme à la tendance actuelle, bien que sans exagération. On pourra donc garder longtemps la grand'voile haute au simplement prendre un ou deux toursde rouleau. Quant au génois, bordé à plat jusqu'à l'écraser sur le galhauban, on peut, lui aussi, le conserver assez longtemps. Un délai qui a son importance aussi bien en course qu'en croisière, c'est le confort. Le Samouraï est très plaisant à la mer. La position du barreur dans le cockpit est agréable. A l'intérieur, les mouvements du bateau sont suffisamment doux pour que l'on puisse cuisiner ou faire la navigation sans trop de soucis. L'absence de coups de rappel brutaux, bien appréciable en mer surtout sur un petit bateau, ce qui provient de ses formes et en particulier de son bouchain. L'angle de gîte modéré rend le bateau plus confortable, toutefois, il serait bon de prévoir des toiles de roulis pour les couchettes du carré. Vu de l'extérieur, le Samouraï présente une belle silhouette sous voiles et sa largeur apparente est atténuée grâce au frégatage. Une fois que l'on a navigué sur le Samouraï, on est totalement séduit. L'architecte a dessiné une carène parfaitement réussie. Les performances du bateau on l'a vu, sont remarquables. Réussite aussi dans les emménagements: le Samouraï est compte tenu de sa taille, un bateau habitable apte à la croisière côtière et à la course.